Chronologie

Danse contemporaine

Le premier geste
Ca y est j’ai trouvé un studio de danse pour préparer mes cours.
Cela fait tellement de temps que j’ai envie de créer des mouvements, j’ai l’impression d’en avoir senti le potentiel dans mon corps depuis un bon bout de temps.
Je me retrouve donc face à la glace pour esquisser mes premiers mouvements mais je ne vois alors que des mouvements qui existent déjà, j’imagine que j’ai soit déjà fait soit que j’ai déjà vu.
Les jours se suivent et il me faut trois semaines pour que mon premier geste original apparaisse.

Nouvelle technique
J’ai trouvé un nouveau studio pour préparer mes cours, dans un centre où il font du karaté, moi je suis au sous-sol. Je passe des heures et des heures à travailler des journées entières en fait, c’est le pied.
Mes séances commencent toujours par du mouvement lent. C’est comme une méditation sur le mouvement que j’ai créé.
Je fais parti je crois des nombreux danseures qui se sont esquintés avec la danse classique et qui se demande comment danser autrement. Je m’invente donc ma propre technique et pour cela je pars des gestes que mon corps peut faire naturellement, ensuite j’y ajoute les pulsions, puis l’invention de rythmes etc…
En fait je me suis transformé en machine à créer, inventer des nouveaux gestes, maintenant ça vient tout seul.
Deux
A un moment j’essaie de voir s’il est possible de faire deux choses à la fois. Je décide de faire une pirouette et d’en même temps penser à autre chose pendant que je tourne, ça ne marche pas. Déjà que je ne suis pas fort en pirouette ça n’arrange pas les choses.
Les mois passent, les années, en pratique cela va durer quatre ans. Un jour alors que je continue d’expérimenter je cherche à agir, ce qui est quand même mon rêve, faire plein de choses dans ma vie. Alors je cours en cercle par exemple, mais je ne suis pas satisfait. Alors je me demande d’où viennent les actions dans mon corps. La réponse me surprend totalement. La réponse est au milieu de ma poitrine, derrière mon sternum !
Phénomène
A force de créer des mouvements pour les enchainements que je vais apporter à mes cours je remarque un phénomène.
Quelques explications personnelles en guise d’introduction. Pour moi la danse classique c’est une suite de mots, il y a les glissades, les sauts de chats, les pirouettes etc… etc… et avec on fait des enchainements, des phrases. C’est très succincts comme présentation mais ce n’est pas le but. Après il y a certainement le style qui évolue, et j’ai aussi pris des cours de danse de caractère.
Puis, toujours selon ma vision, il y a eu le moderne. Là on peut donner toutes les formes que l’on souhaite. Mais ce sont toujours des formes. Dans le contemporain, les mouvements viennent de l’intérieur de soi. Celui que je pratique dans mon studio tout est basé sur les sensations.
En pratique je pars d’une sensation qui donne la forme au mouvement. Mais je ne sens pas mon corps, je ne m’occupe pas de mes muscles, de ma position sauf dans le but de la repérer. Ce qui habite la forme c’est le contenu, la sensation.
On peut le faire à partir de ses propres sensations intérieures, mais aussi en résonnance avec ce qui provient de l’extérieur, principalement la musique, mais cela peut être en résonnance avec un lieu, une place, une rue, un musée, une idée etc…
On peut aussi habiter son corps, donner naissance à ses mouvements avec des origines, plus psychologiques. Pina Bauch en étant pour moi un des meilleurs exemples.
Il y a une approche qui est possible mais qui m’est tout à fait impossible c’est celle de décider de faire tel ou tel mouvement parce qu’on le décide mentalement. Je pourrais décider de monter un bras en l’air puis l’autre, des les redescendre puis de recommencer, ou de traverser la salle de telle manière et ce sans aucune relation avec le senti issu d’un corps. Je crois que le chorégraphe qui en est le meilleur exemple est xxx.
Et ainsi de suite.
Prière
Un de ces jours, je suis dans mon studio, je m’assoies pour prendre un temps de repos. Cela ne dire qu’un instant mais cela me remplit physiquement d’un totale compréhension, la vie est une prière. Ce n’est pas une sensation intellectuelle.
Après cette digression je reviens à mon observation.
Je ressens donc une sensation et je lui donne une forme. Mais pour bien l’identifier afin de le ramener au cours et pour en ajouter d’autres pour faire des enchainement, je dois le répéter.
Ce qui se passe c’est que au fur et à mesure des mes répétitions la sensation, la forme sensation couleur pour moi disparait.

Voici une autre réflexion que j’ai en relation avec ma relation avec ma pratique et celle de la danse classique.

Il m’est arrivé d’être à la barre, c’est-à-dire à un endroit où toute son attention est portée sur la position de son corps, de ses bras jusqu’au petits doigt, de ses coudes, de la position de son cou, de sa tête etc… etc… et là alors que je suis tout à cette concentration, je me fais mal à un muscle.

En réfléchissant cela me semble assez curieux. Je me rappelle que lorsque je dansais sur Jimmy Hendrix et que je me lâchait complètement dans tous les sens, en prenant comme exemple une fois où il y avait eu une soirée en Irlande, je faisais juste n’importe quoi, cela ressemblait plus à une transe. Et je ne me suis jamais fait mal. Je me demande donc pourquoi.

Je regarde comment cela se passe dans mon corps lorsque je génère des mouvements à partir de mes sensations avec mon énergie je comprends qu’en fait ce sont ses sensations qui sont à priori, naturelles, venant directement de mon corps, qui vont indiquer à chaque muscle ce qu’il faut faire mieux que toutes les attentions mentales que je peux avoir. Celui-ci étant alors tout à fait limité en rapport avec une capacité extraordinaire de tout positionner le la bonne manière.

Je aussi que la danse semble être la seule approche spirituelle de l’occident. C’est la seule pratique corporelle dans laquelle on rencontre son psychisme et tant d’autres choses. En orient il y a le yoga et beaucoup d’autres techniques dans lesquels le corps est un moyen de rencontrer son intérieur. Même les arts martiaux avait cette dimension. De nos jours avec l’occidentalisation de ces pratiques et les compétitions j’ai l’impression que cet aspect s’est beaucoup réduit, voire a totalement disparu.

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