Dégagement de chaleur

Dans les années qui suivent j’ai beaucoup de mal à intégrer toute cette expérience. Cela demande du temps, il y a beaucoup de choses, du lourd, du gros. J’ai mal au cœur comme jamais. J’avais un point tellement douloureux au centre que je pensais que j’allais peut-être m’esquinter une valve tellement la pression était forte. J’irai faire une vérification vingt-cinq plus tard. Rien, ouf. J’ai tout fait pour étaler sur le temps l’intégration de cette implosion. A l’époque ce sont les premiers attentats très médiatiques où des avions explosent en vol. Je me rappelle avoir lu dans Science et vie, un petit article sur de nouveaux types de caissons pour contenir les bagages. Ils sont faits, avec des sortes de lanières aussi si je ne me trompe, pour résister à l’explosion. J’ai eu l’impression de faire pareil, étaler l’intégration de la déflagration sur des années et des années. J’ai lu dans l’année qui a suivi un livre qui semble parler de ce genre d’expérience, en tous cas je la prends pour moi, il est dit qu’il n’y a rien à faire, juste d’attendre.
Mais cela ne m’empêche pas de continuer de faire des observations car mis à part les côtés difficiles, c’est quand même une expérience que je trouve très passionnante. Comme je me dis souvent, je passais mon temps à regarder comment cela fonctionnait, cela a explosé, j’ai juste continuer à regarder. Cette observation m’a semblée potentiellement intéressante.
J’ai imaginé à cette époque ce dessin pour essayer d’exprimer ce que je suis en train de vivre. D’une manière factuelle je peux dire que j’ai à l’intérieur de moi un « matériel » « imaginaire » énorme et qui est trop gros pour être intégrer rapidement. Je note que je ressens que cet « imaginaire » est à droite, disons coté cerveau droit. Pour représenter cela je pense que c’est une bonne idée de représenter cela comme une baleine. En aparté, je n’ai pas dessiné la baleine aussi grande que cette expérience pouvait être pour moi car il m’aurait fallu plusieurs mètres carrés pour être à l’échelle. Ce que je remarque c’est que cela provoque une énorme pression à l’intérieur de moi, dont les effets vont jusqu’à me faire mal au cœur. Je dois faire attention à ne pas aller trop vite par exemple en essayant de parler trop vite de mon expérience. Car mettre des mots dessus provoquent une intégration de ce « matériel » Je me dis que je dois régler « le débit ». Ce « matériel imaginaire » provoque une énorme pression à l’intérieur de moi. Du côté droit de mon corps quelque chose d’énorme qui fait pression, du côté gauche mon cœur qui doit suivre et auquel je dois faire attention pour qu’une intégration se fasse mais pas trop vite. C’est ce mot pression qui me fera un jour réfléchir. Est-ce que ce ne serait pas intéressant de le lier à un mot que l’on entend tous le temps « la dépression ». C’est comme si’il j’étais fait de deux grands sacs l’un étant plein à craquer et l’autre moins. Je vais essayer de d’expliquer ce que je ressens en me tournant vers la météo. Je n’y connais pas grand-chose sauf que comme l’air chaud monte cela crée un vide en-dessous, donc une dépression qui crée un appel d’air, le vent. Mais en fait cela ne colle pas tout à fait. Je pense alors plutôt à dire que c’est comme deux sacs qui sont rejoints par un sasse. Celui de droite est hyper trop gonflé. Cela ressemble plus à de la surpression et donc pousse l’air vers l’autre ballon, plus vide. Mais en pratique le ballon de gauche ne peut récupérer tout l’air d’un coup, car mon cœur a du mal à suivre. Mon cœur a-t-il du mal à intégrer la partie émotionnelle de ce « matériel imaginaire ».

La baleine dépressive

Cerveau Pression Dépression

En relation avec cette proposition théorique, je m’interroge donc sur ce que pourrait être la dépression. « J’ai vécu les trente glorieuses ». Je me demande si ce n’est pas parce que comme je l’entends dire ce n’est pas parce que nous avons imaginé alors un monde sans morts, progrès de la médicine fulgurante, arrivée d’un monde moderne où la science et la technologie commence à prendre toute la place et nous fait bien rêver (c’était quand même plus drôle que la finance…). Disparition au quotidien des morts qui partent dans les hôpitaux tout propres et blanc, les méchants pas beaux en prison, les fous aussi, les handicapés pas loin d’être pareil… Plus de bidonvilles. En parallèle on a du temps pour devenir tous très beau comme sur les affiches publicitaires, comme au Club Med. On fait du jogging… On est devenu magnifiques. Et si à force de se coller à ces images fort sympathique notre mécanique n’avait pas besoin d’un certain rattrapage pour conserver une sorte d’équilibre interne. Des petits coups de blues au quotidien, des états émotionnels à franchir, le temps qui passe… Dans ce cas-là et STT… une petite dépression chronique pourrait être alors signe de bonne santé mentale J. En pratique si vous avez une grosse dépression, c’est peut-être juste gros rattrapage. Positivons.